CHAPITRE XV.
LE PRÉJUGÉ DE COULEUR SE PERDRA DANS LA LIBERTÉ ; LES DEUX RACES S’ASSIMILERONT.
Il est triste d’avoir à dire que les choses ne sont pas plus avancées, et néanmoins nous n’en sommes pas fort inquiété. Ce mal est de ceux contre lesquels il n’y a de remède efficace que le temps avec la liberté, et que le temps avec la liberté doivent infailliblement guérir. Le préjugé de couleur vu de près n’est rien, on y a mis trop d’importance ; il tient à des circonstances toutes politiques, toutes locales, il s’en ira insensiblement avec l’esclavage, c’est-à-dire avec la cause qui le fit naître. Il est si peu inné dans les individus, que durant un demi-siècle les colonies n’en eurent aucune idée. Il fallut le créer. Nous ne voulons pas nier qu’il n’en existe encore beaucoup aux colonies anglaises, que la ligne de démarcation n’y soit encore fort tranchée, et que l’hostilité des deux castes n’enferme encore des principes de désordre et d’animosité. Les hommes ne peuvent aussi vite dépouiller leurs passions, et surtout leurs passions de haine et d’orgueil. Cependant on ne saurait nier non plus que le mal ne commence à s’amoindrir. Il est arrivé ce que l’on pouvait prévoir, l’homme nègre n’étant plus esclave, et l’homme de couleur qui procède de lui ne tenant plus à un être dans l’opprobre, on devient embarrassé d’un mépris sans raison ni objet. L’entrée aux affai-