Quoiqu’il en soit, il n’y a donc en résumé, pour la Martinique, que cinq mille deux cent cinquante-deux affranchis depuis dix ans, nous pouvons même dire au point de vue qui nous occupe quatre mille sept cent trente, car les documens administratifs évaluent à un dixième le nombre des esclaves qui se rachètent eux-mêmes[1]. Mais jetez les yeux sur les listes, examinez la nature de ces affranchissemens, et vous les verrez principalement composés d’enfans nouveaux-nés qui pourront augmenter la population libre des sang mêlés, mais ne diminueront pas la population noire esclave, de jeunes esclaves femelles qui ont suivi l’heureux sort de leurs progénitures[2], puis, de vieillards, hommes ou femmes, qui étaient à la charge du maître avant comme après, de domestiques et nourrices qui ont capté l’affection des maîtres et des maîtresses qu’ils approchent chaque jour, enfin, de quelques mauvais sujets incorrigibles dont les propriétaires n’avaient pu obtenir l’exportation, et qu’on libéra sous les auspices de l’ordonnance pour s’en dé-
- ↑ Notices statistiques.
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À la Guadeloupe le nombre des titres de liberté enregistrés depuis 1830 jusqu’au 1er janvier 1837, a été de 1,798 de 1830 à 1833. Et6,839 de 1833 à 1837. 8,637 Sur le nombre de 6,859, on compte 4,053 libres de fait ; ce qui laisse seulement 2,804, d’où, en déduisant le dixième 280, on ne trouve somme totale que2,684 Eh bien ! parmi ces 2, 684, il y a1,251 enfans. Et1,041 femmes. * 2,292 ** Ajoutez-y les vieillards que l’âge inutilisait, et jugez ce qu’il reste pour les affranchissemens des esclaves travailleurs, ceux auxquels la haute morale n’a rien à reprendre.
* Il y a en Europe tant de blanches qui se vendent, qu’il n’est pas surprenant de voir aux colonies tant de négresses que l’on rachète.
** Tous ces chiffres sont tirés des Notices statistiques.