Page:Schœlcher - Des colonies françaises, 1842.djvu/465

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elles cessent d’appartenir exclusivement au ministère de la marine, elles rentrent en possession de la liberté de la presse ; les assesseurs font place au jury, les gouverneurs deviennent des préfets, les conseils coloniaux se transforment en conseils généraux de département, les conseils privés en conseils de préfecture.

Rien du passé des colonies ne subsiste. L’émancipation n’accepte rien de l’héritage de la servitude. Et les vieux codes de nos îles resteront dans les collections, comme ces instrumens de torture que l’on conserve pour apprendre aux générations présentes à travailler sans relâche au bonheur de leurs fils, en voyant de quelles souffrances elles ont été délivrés elles-mêmes par le courage de leurs pères.


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Il ne nous reste rien de plus à ajouter, nous croyons superflu de dire que nous n’avons pas eu la prétention de construire ici le code des provinces d’outre-mer. Nos propositions ne sont que des essais soumis au public et au parlement, avec la plus excessive réserve ; mais ce serait cependant manquer de véracité que de dissimuler notre confiance dans les moyens que nous indiquons pour laver les terres coloniales de la tache qui les souille, sans mettre en péril leur société, pour substituer sans trouble ou du moins sans violence le brillant ordre libre à l’ignoble ordre esclave.

Conduits ainsi par le législateur d’une main ferme et douce, les nègres reconnaissans du grand acte de réparation fait à leur race, voudront se montrer dignes de la liberté, ils écouteront la voix des moralisateurs qu’on leur enverra pour leur apprendre que l’indépendance a ses charges. Ce sera un sujet d’émulation pour l’affranchi des diverses îles, de lutter à qui s’élèvera le premier à l’intelligence parfaite des devoirs de l’homme libre. Des administrateurs habiles auront à créer