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Février, ne tarda pas à éclater aux Antilles surtout, où le mouvement des agitations de la mère-patrie se transmet avec plus de force que dans nos autres établissements d’outre-mer. — Les tendances des pouvoirs successeurs du Gouvernement provisoire contribuèrent aussi à développer, au plus haut degré, l’antagonisme qui divisait déjà les différentes classes de la société coloniale.

Cet état de choses s’est plus particulièrement révélé lors des élections pour l’Assemblée législative, et les troubles dont les opérations électorales de juin 1849 ont été l’occasion à la Guadeloupe, servent encore aujourd’hui à motiver les mesures répressives que l’oligarchie coloniale sollicite et obtient contre les affranchis.

Le procès qui a suivi les événements de Marie-Galante, une des dépendances de la Guadeloupe, n’est en réalité qu’un procès intenté à la majorité des électeurs de cette colonie. Aussi, le meilleur moyen de faire justice des accusations monstrueuses répandues sur le compte des nouveaux citoyens, et d’éclairer l’opinion publique sur la véritable situation de nos départements d’outre-mer, est-il d’analyser ces importants débats.

Tel est le but que nous nous proposons.

À la prétendue conspiration générale et permanente qui est la base des impostures des ennemis de l’égalité civile et politique dans les colonies, nous opposerons les vains efforts tentés par le ministère public pour rattacher les unes aux autres les différentes affaires nées de la crise électorale de 1849. À l’accusation de complot organisé, nous répondrons par les débats eux-mêmes : en face de la condamnation d’un grand nombre des accusés de Marie-Galante, nous mettrons l’acquittement de ceux de la Gabarre, que les réquisitoires du procureur général signalaient comme les chefs de la conjuration ; enfin, pour réduire à néant l’affreuse imputation de massacre, sans cesse renouvelée contre les affranchis, nous prouverons que pas un blanc n’a été tué, que plusieurs d’entre eux, au contraire, ont été protégés par des noirs, tandis que cinquante noirs au moins sont tombés sous les balles de la troupe et de la milice !

Après avoir fourni à tous les esprits impartiaux les élé-