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tés, après avoir montré aux débats une rare fermeté. — Là, au milieu de l’émeute soulevée par les discours « du grand agitateur de la paix, » les gendarmes provoqués avaient tiré, un homme était tombé blessé, et un champ de cannes, après la décharge, avait été brûlé. Christophe Bayo et Patience, poursuivis comme auteurs ou complices de cet incendie, ont été condamnés à dix ans de travaux forcés.


§ 2. — sainte-rose.


Pour Sainte-Rose, il y avait huit accusés, cinq hommes : Solter, dit Octave, Martial, Félix Crosilhac, Numa, Alcindor ; et trois femmes : Anastasie, dite Noune, Silvie et Eugénie, dite Génie. L’affaire était, au fond, semblable aux autres : arrivée du conciliateur, émeute, collision avec son escorte militaire ; les groupes, provoqués, jettent des pierres ; les gendarmes font feu. Mais les détails étaient beaucoup plus sérieux. Les honnêtes gens prétendaient qu’une tentative d’assassinat avait été dirigée contre leur patron : « Nous en avons la preuve, avait dit le Commercial du 23 juin 1849 ; nous en avons la preuve, un infâme complot existe : on veut la tête du sauveur des colonies. Déjà plusieurs tentatives d’assassinat ont été préméditées avant l’attentat de Sainte-Rose, etc. »

Les assises étaient présidées par M. Riot, et composées de MM. Ristelhuber et Turk, juges ; Bogears, Roussel, Amédée Lelang et V. Achille, assesseurs ; les deux derniers mulâtres, amis de l’ordre. Les audiences ont duré du 14 au 18 juin. Les accusés Croisilhac, Numa, Alcindor, Sylvie, Noune et Eugénie, déclarés coupables, le premier « d’avoir provoqué à la résistance à la force publique, par ses discours dans une réunion de plus de dix personnes ; » les autres de résistance, avec circonstances atténuantes, ont été condamnés, M. Croisilhac à quatre ans, M. Numa à trois ans, les quatre derniers à deux ans de prison.

Quant à MM. Solter et Martial, que le ministère public présentait comme les auteurs de la tentative d’assassinat, ils ont été acquittés ! Sur quinze témoins, neuf étaient favorables à M. Martial, et cinq variaient dans les circon-