Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/110

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il retombe dans le dogmatisme. — Avec le sensualisme du xviiie siècle se développe le terme opposé sous sa forme exclusive. La philosophie perd le sens de l’infini ; le fini avec l’empirisme règne et triomphe partout ; l’idée de l’infini s’est retirée de toutes les formes de la civilisation. Exilée du monde, elle se réfugie au fond de l’ame humaine. Alors le théâtre de la lutte change, le drame recommence sur une autre scène. L’antagonisme des deux principes se déclare au for intérieur de la conscience. Kant apparaît, et avec lui la philosophie subjective. Ici se reproduit, d’une façon plus claire et plus profonde, leur antinomie, sous les noms de sujet et d’objet, dans la sphère de la raison elle-même et de ses catégories. Ce combat finit par le triomphe du subjectif et la négation de l’objectif. Fichte consomme cet anéantissement. Il fait cesser ainsi le dualisme, qui cependant reparaît encore par la distinction de la spéculation et de l’action. Exclu de la spéculation par le scepticisme théorique, l’absolu reste enfermé et emprisonné dans le sanctuaire de la vie morale. Tel est le caractère de ce stoïcisme nouveau qui donne à l’ame et à la volonté une valeur surhumaine et infinie. — Restait donc à rendre aux deux termes leur existence libre, à les harmoniser de nouveau en les faisant rentrer dans une unité supérieure, et à retrouver ainsi le véritable absolu. C’est là, selon Schelling, la tâche que la philosophie doit remplir et qui ouvre devant elle une carrière nouvelle. C’est ainsi qu’il qualifie le