Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/119

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théisme, le principe divin reste caché, enveloppé dans la nature ; exotérique par la forme, il est esotérique par l’idée. Dans le Christianisme, le voile tombe, le divin rejette toute enveloppe. L’histoire est la révélation des mystères du royaume de Dieu.

Schelling reproduit, en la modifiant, sa division, développée ailleurs, de l’histoire en trois époques, où dominent successivement la nature, le destin, la providence idées qui, malgré leur diversité, cachent une identité. Il les explique, comme ce qui précède, à l’aide des termes sur lesquels roule son système : le réel et l’idéal, le fini et l’infini, la nécessité et la liberté. L’époque de la nature est celle où régne la nécessité éternelle, où les deux termes de l’infini et du fini, non encore distincts, reposent au sein du fini ; c’est l’époque la plus florissante de la religion et de la poésie grecques. — L’époque du destin marque la décadence et la fin du monde ancien. Ici, les deux termes, la fatalité et la liberté, se séparent et s’opposent ; l’homme se détache de la nature ; le monde nouveau commence par une sorte de péché originel. À cette opposition des deux termes, doit succéder leur réconciliation, leur harmonie ; l’unité doit être rétablie à un degré supérieur. Cette réconciliation est exprimée dans l’idée de la providence ; le Christianisme inaugure ainsi dans l’histoire l’idée de la providence. Telle est la grande direction historique du Christianisme et le principe pour lequel la science de la religion est inséparable de l’histoire.