Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/124

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philologique et psychologique qui s’y rattachent. Ainsi, d’abord, il reproche a Kant et à son école d’avoir banni de la religion le sens spéculatif ou métaphysique, et, par là, détruit le fond du dogme ; d’avoir également écarté le côté positif ou historique et remplacé l’un et l’autre par le sens moral ; de ne voir dans la Bible qu’un enseignement moral déguisé sous des symboles ou des faits dont l’existence ou l’authenticité est indifférente ; de réduire l’histoire religieuse à une allégorie morale, et d’avoir ainsi faussé le sens des écritures, dénaturé le fait sans pouvoir s’élever à l’idée.

Il n’est pas moins sévère à l’égard de la méthode protestante qui cherche à ramener le Christianisme à son sens primitif. Selon lui, c’est se tromper que de croire trouver le vrai Christianisme à son origine. Le dogme chrétien s’est développé pour le fond comme pour la forme. Les apôtres, les pères et les docteurs de l’Église, la scholastique elle-même, y ont mis successivement la main, non seulement l’ont systématisé, mais y ont ajouté de nouvelles idées. De sorte que, pour comprendre le Christianisme, il ne faut pas l’envisager à un point particulier, mais l’embrasser dans son histoire tout entière et son développement, qui, même actuellement, est loin d’être complet.

Le protestantisme lui paraît donc opposé à cet esprit d’universalité qui caractérise le Christianisme ; il rétrograde et supprime la continuité. Il substitue à l’au-