Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/16

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religieuses et philosophiques ont été débattues dans l’arène des partis et avec leurs armes favorites. On n’a songé qu’à attaquer et à se défendre, à porter des coups à l’ennemi ou à cacher ses blessures et à voiler ses propres faiblesses, à décrier et supplanter ses adversaires, au lieu de redresser de véritables erreurs, de chercher à s’éclairer et à préparer, par de louables efforts, le triomphe de la vérité et de la religion. Polémique sans grandeur, souvent même sans sincérité, bien différente des hautes controverses auxquelles prirent part les théologiens et les philosophes d’un autre siècle, les Bossuet, les Arnaud, les Leibnitz. Aussi, quelle lumière a jailli de ce choc de passions haineuses et intéressées, de ces accusations sans bonne foi et de ces aigres récriminations ? Quel problème philosophique ou religieux a marché ? Quel progrès ont fait la raison et la foi ? De quelle vérité découverte ou remise en honneur peuvent se vanter ceux qui n’ont combattu que pour assurer la victoire d’un parti et le succès de leurs vues ambitieuses ? Quel doute a été levé dans les consciences ? Quel nuage dissipé dans les esprits ? Heureux si nous n’avons rétrogradé, si les questions ne sont pas obscurcies et embrouillées pour long-temps ; si, maintenant que l’aigreur, la défiance, les préventions de toute sorte ont été semées, et ont profondement germé dans les ames, celles-ci ne sont plus mal disposées qu’auparavant à vouloir le bien et à accueillir la vérité ! Aujourd’hui, il semble que les passions