Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/170

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force, de l’énergie, du naturel, à se préserver du vague, de la mollesse et de la mignardise. Il apprend, par là, à respecter librement les limites de la nature, à donner de la vie et de la vérité à ses tableaux, du calme et de la simplicité à ses figures. Se former longtemps à ce rude exercice, au lieu de vouloir atteindre, du premier coup, à la grace, à la beauté parfaite et à l’expression de l’ame, tel est le principe qui doit présider à l’éducation des artistes.

Pour ce qui est de l’avenir de l’art, il ne dépend pas des efforts des individus ; il ne peut naître que d’un enthousiasme général et de circonstances qui tiennent à la vie publique, à l’état de la société. L’art est une plante délicate qui ne peut croître et fleurir que dans une atmosphère favorable ; il n’y a qu’un changement antérieur dans les idées qui soit capable de le relever de son épuisement. Schelling, qui voit partout des symptômes d’un renouvellement universel, devait annoncer une nouvelle ère de l’art. « Un second Raphaël, dit-il, n’apparaîtra pas, mais un autre qui, d’une manière originale, atteindra au sommet de l’art. » Il pense que le point de vue nouveau qui domine aujourd’hui dans les sciences naturelles, de même que le mouvement correspondant imprimé à l’histoire ne peuvent manquer d’exercer sur l’art une salutaire et féconde influence. L’étude de la nature, comme partout vivante et animée, le sens historique qui caractérise notre siècle et qui, de son côté, s’attache à comprendre la vie, l’esprit des sociétés, et à faire leur vi-