Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/186

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profitables à la science elle-même, la ranimer et lui donner une meilleure direction.

Lorsque le jeune homme, au début de sa carrière académique, entre, pour la première fois, dans le monde de la science, plus il a d’intelligence et de disposition à saisir l’ensemble, plus il lui est impossible d’éprouver un autre sentiment que celui d’un chaos dans lequel il ne distingue rien, d’un vaste Océan sur lequel il se voit jeté sans boussole et sans étoile polaire. S’il en est un petit nombre à qui, de bonne heure, une lumière plus sûre montre le chemin qui les conduit à leur but, on ne doit pas tenir compte ici de cette exception. La conséquence ordinaire de cette situation est celle-ci : Pour les têtes les mieux organisées, c’est de se livrer à toutes sortes d’études, sans règle et sans ordre ; d’errer çà et là dans toutes les directions, sans pénétrer, nulle part, jusqu’au cœur des questions, ce qui est la première condition d’une culture intellectuelle, complète et libérale. Ce qui peut leur arriver de mieux à la fin de la carrière académique, c’est de reconnaître, après tous ces tâtonnements infructueux, combien ils ont fait de choses inutiles, et combien ils en ont négligé d’essentielles. Quant aux esprits dont l’étoffe est moins bonne, l’effet de cette absence de méthode est que, dès l’abord, ils se résignent, s’abandonnent bientôt à la vulgarité, et, tout au plus, par une assiduité mécanique, se contentent d’apprendre de mémoire, et de s’approprier tout juste autant de connaissances spéciales qu’ils