Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/192

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sans aucun autre intermédiaire, est aussi le véritable réel, et qu’en dehors de lui, il n’y a rien. Nous ne pouvons prouver, à proprement parler, cette unité fondamentale, même dans la philosophie, parce qu’elle ouvre plutôt la voie à toute connaissance scientifique. Ce que l’on peut seulement démontrer, c’est que sans elle il n’y a absolument aucune science, et que, dans tout ce qui a la prétention d’être science, cette identité ou cette absorption complète du réel dans l’idéal est le but que l’on se propose.

Cette donnée première est, sans qu’on s’en rende compte, le fondement de tout ce que proclament si hautement les différentes sciences sur les lois générales des choses ou de la nature en général, aussi bien que le principe de leur tendance vers la connaissance de ces mêmes lois. Elles veulent que la partie concrète et obscure dans les phénomènes particuliers se résolve, pour elles, dans la pure évidence et la transparence d’une connaissance rationnelle et générale. On fait valoir ce principe dans les sphères limitées de la science et pour chaque cas particulier, lors même qu’on ne devrait ni le comprendre ni l’accorder d’une manière générale et absolue, tel qu’il est exprimé par la philosophie.

Le géomètre, avec une conscience plus ou moins nette, fonde sa science sur l’absolue réalité de l’idéal pur, lui qui, lorsqu’il démontre que, dans tout triangle possible, les trois angles sont égaux à deux droits, prouve cette proposition scientifique, non par la