Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/23

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problèmes avec une grande audace et non pas sans quelque puissance de pensée et de génie, et leur ont donné des solutions aujourd’hui reconnues insuffisantes, mais, par malheur, non remplacées.

Ainsi en devait-il être, ainsi en sera-t-il toujours, parce qu’il n’est pas dans la nature de l’esprit humain de vivre sans système. Par conséquent, ce n’est pas assez de montrer qu’un système est mauvais, il faut en trouver un meilleur. Ceux qui se glorifient de ne n’avoir pas de système, ne font que proclamer orgueilleusement leur impuissance, et se draper à la fois de leur vanité et de leur misère.

Qu’on ne croie pas non plus que, pour renverser un système, il suffise de lui opposer des affirmations partielles, quelques solutions de détail à des questions qui ont leur importance, mais secondaires.

Le caractère d’un système est l’universalité, comme son essence est l’unité ; un système partiel n’est pas un vrai système, et ne peut, dans tous les cas, prétendre à remplacer un système universel.

Un ensemble de vérités, sans un lien intime qui les réunisse et les rattache à un principe commun, ne doit pas davantage usurper ce titre et aspirer à un pareil rôle. Si ces vérités sont celles qui servent de base à la morale, à la religion et à la société, elles sont plus respectables, plus puissantes et plus durables que toutes les théories philosophiques. Il est beau de les enseigner et de réclamer leurs imprescriptibles droits contre les fausses interprétations des philosophes qui