Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/231

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ment dans les occasions où on est requis de se livrer à un examen quelconque.

On ne peut se résoudre à une pareille condition qu’autant que l’on veut apprendre la science pour un usage purement matériel, c’est-à-dire que l’on se considère soi-même comme un simple instrument. Maintenant, il est certain que quiconque a le moindre respect pour lui-même ne peut se sentir vis-à-vis de la science dans une position tellement avilissante qu’elle n’ait pour lui d’autre prix que celui d’être un simple instrument pour des fins matérielles. Les conséquences nécessaires d’une pareille manière d’étudier sont les suivantes :

D’abord, il est impossible que l’on s’approprie bien ce qu’on ne fait que recevoir. Il est donc nécessaire qu’on l’applique à faux, puisqu’on ne le possède pas par un organe vivant et en vertu d’une véritable intuition, mais seulement de mémoire. Combien de fois il arrive que du sein des Universités sortent de semblables mercenaires de la science, qui ont parfaitement imprimé dans leur mémoire tout ce qui se rencontre d’érudition positive dans leur spécialité, mais qui manquent absolument de jugement pour rattacher les faits particuliers aux principes généraux ! L’habitude de saisir la science d’une manière vivante forme l’esprit à l’intuition. Or, dans celle-ci le général et le particulier sont toujours unis. Celui qui apprend la science comme un métier est dépourvu d’intuition. Il ne peut, dans les cas particuliers qui