Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/236

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riences à ce sujet étaient tirées de certains savants, dont la mémoire était remplie à la vérité de connaissances de toute espèce, mais qui sans doute n’avaient pu acquérir ainsi ce que la nature leur avait refusé. Que, du reste, ni un grand général ni un grand mathématicien, un philosophe ou un poète ne soient possibles sans l’étendue et l’énergie de la mémoire, ce n’est pas là ce qui les préoccupait ; car il ne s’agissait pas pour eux de former de grands généraux, des mathématiciens ou des philosophes, mais d’utiles et d’industrieux bourgeois.

Je ne connais aucun genre de travail qui soit plus propre à développer dans le premier âge les facultés naissantes, la sagacité, la pénétration, l’invention, que l’étude des langues et principalement des langues anciennes. Je ne parle pas ici de la science du langage dans le sens abstrait, en tant que celui-ci, comme expression immédiate des lois internes de la pensée, est l’objet d’une théorie scientifique. Il n’est pas question davantage de la philologie, à laquelle se rapporte la connaissance des langues seulement comme moyen pour un but beaucoup plus élevé. C’est par abus des termes que celui qui possède uniquement la connaissance des langues s’appelle philologue. Le véritable philologue occupe le rang le plus élevé à côté de l’artiste et du philosophe ; ou plutôt ces deux derniers se retrouvent en lui. Sa tâche est la construction historique des œuvres de l’art et de la science, dont il doit saisir et exposer l’histoire par une vivante