Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défie d’expliquer autrement ce qu’il explique et ce que vous n’expliquez pas. Et rien ne vous sert de déclarer que voire prétention n’est pas d’expliquer, mais, d’abord, simplement de constater des faits et des vérités, que vous laissez à d’autres et à l’avenir le soin d’en découvrir la raison. Il vous dit qu’expliquer et rendre raison des choses est le but même de la philosophie ; qu’un système qui constate et ne rend compte de rien, avant d’être vrai, devrait commencer par être, et qu’on n’est en effet philosophe qu’à cette condition. Il ajoute que, s’il est très utile d’observer des faits et de les analyser avec soin, c’est là simplement un travail préparatoire, non à proprement parler une œuvre philosophique ; que, sous ce rapport, rien n’est fait tant que le principe qui doit réunir ces matériaux et les coordonner n’est pas trouvé ; que sans cela ils restent épars sur le sol, attendant qu’une main plus habile viennent les employer ; que, d’ailleurs, des matériaux ne font pas plus un système, que des pierres un édifice, des couleurs un tableau, un bloc de marbre une statue, des membres un corps vivant. 11 va plus loin, il prétend, non tout-à-fait sans raison, qu’une idée doit présider même à ce travail, en apparence de pure analyse ; il ne veut pas qu’on isole celle-ci tout-à-fait de la synthèse, ni l’expérience de la spéculation ; il veut que les deux procédés marchent de front, et condamne à la stérilité toute méthode qui fait usage de l’un sans employer l’autre ou l’ajourne à un autre temps. Il n’ima-