Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/257

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d’une manière beaucoup plus évidente encore, attaquer les formes fondamentales de l’État. — Je dois expliquer ce que j’entends par raison commune. Ce n’est ni seulement ni principalement la raison ignorante et sans culture aucune, mais aussi la raison développée par une éducation fausse et superficielle, dont le résultat est une manière de raisonner creuse et vide, qui se regarde comme arrivée au plus haut degré de perfection, et qui, dans ces derniers temps, s’est principalement signalée en ravalant tout ce qui s’appuie sur les idées absolues.

Ce vide d’idées, qu’on est convenu d’appeler rationalisme, est ce qu’il y a de plus opposé à la philosophie. On nous accordera qu’aucune nation n’a poussé plus loin que les Français cette prédominance d’une logique raisonneuse sur la raison qui conçoit les idées. C’est donc la plus grande absurdité, même historique, de dire que la philosophie est funeste au maintien des maximes fondamentales du droit. (Je m’exprime ainsi parce qu’il peut, sans aucun doute, exister des constitutions ou des situations sociales à qui la philosophie, à la vérité, n’est pas dangereuse, mais n’est pas non plus favorable.) Précisément, cette nation qui, à l’exception de quelques hommes des temps antérieurs (et encore ne doit-on leur attribuer aucune influence sur les événements politiques qui se sont passés plus tard), n’avait eu de philosophes à aucune époque (ou au moins dans celle qui précéda la révolution), fui celle qui donna l’exemple