Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/318

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Le même rapport se reproduit en ce qui concerne tous les dogmes de la théologie. Pour l’idée de la Trinité, il est clair que non comprise d’une manière spéculative, elle est absolument inintelligible. Les théologiens exposent l’incarnation de Dieu dans le Christ d’une manière tout aussi empirique : c’est-à-dire que Dieu a revêtu la nature humaine à un moment déterminé du temps ; ce qui est tout-à-fait inconcevable, puisque Dieu étant éternel, est en-dehors du temps. L’incarnation de Dieu est donc une incarnation éternelle. Le Christ, comme homme, est seulement, dans la manifestation de Dieu, le sommet, et à ce titre aussi le commencement de cette manifestation ; car elle devait se continuer à partir de lui, en ce sens que tous les fidèles étaient les membres d’un seul et môme corps, dont il était la tète. Que dans le Christ Dieu ait été contemplé véritablement pour la première fois parmi les hommes, c’est ce que montre l’histoire ; car, qui avant lui avait manifesté l’infini de cette manière ?

On pourrait prouver, qu’aussi loin que peut remonter la connaissance historique, on peut discerner deux fleuves bien distincts : celui de la religion et celui de la poésie ; le premier, qui déjà facile à reconnaître dans la religion indienne, nous a transmis le système intellectuel et l’idéalisme les plus anciens ; l’autre, qui renfermait en lui-même le côté réaliste des choses. Le premier, après avoir coulé à travers