Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/321

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mais d’un sens moral de ces doctrines. Aussi le point de vue empirique n’est-il pas abandonné en principe ; et, en même-temps, la vérité de ces doctrines est comprise, non en soi, mais seulement dans son rapport avec un sens moral possible, et arbitrairement assigné.

Le dogmatisme est le môme en théologie qu’en philosophie ; c’est toujours l’abandon de ce qui ne peut être connu que d’une manière absolue pour le point de vue empirique du raisonnement vulgaire. Kant n’a saisi ni l’un ni l’autre dans leur racine, puisqu’il n’a su rien mettre à leur place. En particulier, d’après son dessein d’interpréter la Bible moralement pour l’éducation du peuple, la manifestation empirique du christianisme n’est qu’un instrument pour des fins qui ne peuvent être atteintes, sans que le sens des écritures soit faussé. Et, de plus, cette explication est incapable de s’élever au-dessus du fait, jusqu’à l’idée.

Les premiers livres qui renferment l’histoire et la doctrine du christianisme ne sont eux-mêmes autre chose qu’une manifestation particulière et encore imparfaite sous ce rapport. Il ne faut pas chercher son idée dans les livres dont la valeur doit se déterminer d’après la mesure dans laquelle ils expriment cette idée et y sont conformes. Déjà, dans saint Paul, l’apôtre des gentils, le christianisme est devenu quelque chose d’autre qu’il n’était chez son premier fondateur. Nous ne devons pas nous arrêter à une de ses