Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/37

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radicalement en faisant subir à leur principe la confrontation d’un principe supérieur, c’est toute autre chose. Mais on peut, sans être aussi bon dialecticien que Socrate, les pousser à l’absurde sur bien des points, et, sans avoir la force comique d’Aristophane, nous égayer à leurs dépens en rajeunissant le thème classique, bien qu’un peu usé, des nuages de la Germanie. En cela il est aisé de faire briller sa logique ou son esprit, quelquefois aussi son ignorance et sa présomption. On peut aussi accroître sa réputation d’honnête homme auprès des gens de bien en prenant ces doctrines par le côté moral et en protestant avec indignation contre des conséquences que les auteurs désavouent non moins éloquemment, mais qui, peut-être, découlent en effet du principe. Il n’est pas même nécessaire d’avoir étudié bien à fond ces philosophes pour surprendre parmi leurs formules des propositions qui sonnent mal aux oreilles les moins susceptibles sur les choses divines, de les accuser de panthéisme, de lancer contre eux les foudres dont Spinosa aussi fut frappé, mais qui n’ont pas empêché son système de renaître de ses cendres. Enfin, on peut, en les voyant si mal famés, après avoir salué et annoncé leur grandeur naissante, courtisé leur génie et s’être paré des lambeaux de leur pourpre royale, les renier, déclarer que ces chefs de la philosophie contemporaine ont fait fausse route, critiquer savamment leur méthode dont on s’est approprié les résultats, rétrograder de deux siècles et se placer