Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/42

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d’essayer leurs forces ; celui qui, en possession d’une philosophie, non de celles qui n’expliquent rien, mais d’une philosophie capable de résoudre les questions les plus pressantes et les plus ardemment agitées, et qui ne rompt aujourd’hui ce long silence que parce qu’un devoir irrésistible l’y oblige ; cet homme a suffisamment prouvé qu’il était capable d’abnégation, qu’il n’était pas travaillé par une imagination aventureuse… Selon l’ordre naturel des choses, un autre plus jeune et à la hauteur de cette grande tâche devrait occuper ma place. Qu’il vienne, je la lui céderai avec joie. »

Cette invitation, ou plutôt ce défi du vieillard, porté du haut de la chaire la plus retentissante de l’Allemagne, et qui a été entendu de l’Europe entière, quelqu’un y a-t-il répondu ? Et certes, ce n’est pas que le respect pour les cheveux blancs du patriarche de la philosophie allemande, ou pour sa gloire passée, ait enchaîné la langue ou retenu la plume des sectateurs des autres écoles. La critique de nos voisins qui, on le sait, ne se pique pas toujours d’être polie, ne lui a épargné ni les sarcasmes ni les injures. La théologie Kantienne lui a lancé un énorme pamphlet. L’école Hégélienne, qui compte dans ses rangs beaucoup d’hommes distingués, s’est bornée à le défier à son tour de se dépasser lui-même. Mais un enseignement rival, plus jeune et plus fort, analogue à celui qui obligeait Platon, dans les dernières années de sa vieillesse, de paraître plus rarement dans l’Académie,