Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/421

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tiquité ; et si maintenant nous en voyons clairement les astres, c’est à lui que nous le devons. Combien il a senti le vide de son époque ! Certes, n’aurions nous d’autre motif que son sentiment éternel de l’amitié, et cette soif inextinguible qu’il avait de la goûter, cela suffirait pour justifier le mot de confirmation d’amour spirituel, qui convient à ma pensée à l’égard de l’homme parfait, de l’homme dont la vie et les actions furent vraiment classiques. Et s’il est un autre désir encore qu’il ait éprouvé et qu’il n’ait pu satisfaire, c’est celui d’une connaissance plus profonde de la nature. Lui-même, pendant les dernières années de sa vie, fait connaître à ses amis intimes que ses dernières études ont été dirigées de l’art sur la nature (3), pressentant, en quelque sorte, ce qui lui manquait encore. Il sentait que la plus haute beauté qu’il trouvait dans Dieu, il lui manquait de pouvoir la contempler aussi dans l’harmonie de l’univers.

La nature s’offre à nous d’abord sous une forme plus ou moins sévère et comme voulant se dérober à nos regards. Elle est comme la beauté sérieuse et silencieuse, qui n’excite pas l’attention par des traits frappants et ne séduit pas les yeux vulgaires. Comment pouvons-nous, en quelque sorte, adoucir spirituellement cette apparente rudesse, de manière que la force qui anime les êtres physiques étant spiritualisée se développe en harmonie avec celle de notre esprit, et que toutes deux ne forment, en quelque sorte, qu’un