Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/429

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lui est imposée ; mais si vous considérez la force créatrice, elle vous apparaîtra, manifestement, comme une mesure que celle-ci s’impose à elle-même, et dans laquelle elle se révèle comme une force véritablement intelligente et sage. Car partout la puissance de se soumettre soi-même à une mesure est regardée comme une perfection, et même comme la plus haute perfection. C’est de la même manière que l’on envisage généralement l’individuel, d’un point de vue purement négatif, c’est-à-dire comme quelque chose qui simplement n’est pas l’ensemble ou le tout. Mais aucun être individuel n’existe par ses limites, il existe par la force qui réside en lui, et avec laquelle il se maintient comme un tout indépendant vis-à-vis du grand tout.

Comme cette force, qui est le principe de la particularisation et par conséquent aussi de l’individualité des êtres, se révèle en eux comme caractère vivant, le système étroit qui la nie a pour conséquence nécessaire le point de vue insuffisant et faux du caractéristique dans l’art. L’art qui voudrait représenter l’écorce vide, ou le simple contour extérieur des objets individuels, serait mort et d’une rudesse insupportable. Sans doute, ce n’est pas l’individu que nous voulons voir, c’est quelque chose de plus, son idée vivante. Mais lorsque l’artiste reconnaît en lui le regard et l’essence de l’idée créatrice et les fait ressortir, il façonne l’individu de manière à en faire