Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/436

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là même, le caractéristique vivant est déjà la forme totale, qui naît de l’action réciproque des os et des chairs, de l’actif et du passif. Si l’art aussi, comme la nature, à ses degrés supérieurs, refoule au dedans le squelette qui d’abord était visible, celui-ci ne peut être opposé à la forme et à la beauté, parce qu’il ne cesse pas de concourir à déterminer l’une et l’autre.

Mais si cette haute et indifférente beauté doit, en outre, être prise pour la seule mesure dans l’art, puisqu’elle est considérée comme la plus haute, elle parait devoir dépendre du degré d’étendue et de richesse selon lequel chaque art particulier peut agir. Cependant la nature, dans le vaste cercle où elle se meut, représente toujours, avec ce qui est élevé, l’élément inférieur qui lui est inhérent. En créant le divin dans l’homme, elle se contente d’en donner, dans les autres êtres, la matière ou la base, qui doit n’être là que pour faire ressortir l’essence en elle-même. Il y a plus, dans l’humanité elle-même, les grandes masses deviennent, de nouveau, la base d’où s’élèvent un petit nombre d’individus, destinés à représenter le principe divin, législateurs, conquérants, ou fondateurs de religions. Par conséquent, partout où l’art agit avec la variété de la nature, il peut et doit, à côté de la plus haute mesure de la beauté, en montrer aussi la base, et, en quelque sorte, la matière, dans des images indépendantes. C’est ici que se manifeste, pour la première fois, d’une manière significative, la nature différente des formes de l’art.