Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/458

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qui a dû être représenté comme séparé, dans l’acte créateur de l’art parvenu à son plus haut point de perfection se résume en un fait unique. Cette puissance divine de créer, aucune théorie, aucun précepte, ne peuvent la produire. Elle est un pur don de la nature, qui s’achève doublement, puisque, parvenue à la dernière limite de son action, elle dépose sa force créatrice dans sa créature. Mais, de même que dans le développement général de l’art, ces degrés se succèdent l’un après l’autre, jusqu’à ce qu’ils se réunissent dans le plus élevé de tous ; de même aussi, dans les individus, il ne peut y avoir de développement solide que celui qui part du germe et de la racine, et s’élève régulièrement jusqu’à la fleur.

Cette loi, en vertu de laquelle l’art, comme tout ce qui est vivant, doit partir d’un premier commencement et y retourner toujours pour se rajeunir, peut paraître dure à une époque à laquelle il a été dit, de tant de manières, comment la beauté la plus parfaite pouvait être empruntée toute faite aux œuvres d’art déjà existantes, et comment on pouvait ainsi atteindre, comme d’un seul coup, à la perfection. N’avons-nous pas déjà l’excellent, le parfait ? Pourquoi donc retourner à l’origine de l’art, à ses premières ébauches ? — Si les grands maîtres, qui ont fondé l’art moderne, avaient pensé de même, nous n’aurions jamais vu leurs merveilles. Avant eux, il y avait aussi les créations des anciens, des ouvrages de sculpture et de peinture qu’ils auraient pu transporter immédiate-