Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/481

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le personnage principal, qu’il est l’unique lien dans cette série indéfinie de conceptions et de tableaux, et qu’il joue un rôle moins actif que passif, ce poëme pouvait plutôt se rapprocher du roman. Mais encore cette dénomination épuise aussi peu son idée que celle de poëme épique qu’on lui donne vulgairement, puisque, dans les objets qui font le sujet de la représentation, il n’y a aucune exposition régulière. Il n’est pas plus possible de le considérer comme un poëme didactique, parce que sa forme et le but dans lequel il est composé n’ont pas le caractère de précision qui convient à l’enseignement. Il n’appartient donc à aucun genre particulier. Il n’est pas non plus une espèce de composé de plusieurs genres, mais un mélange entièrement original et en quelque sorte organique, qui ne peut être reproduit par un procédé artificiel, par la combinaison de tous les éléments de ces genres ; c’est un individu tout-à-fait indépendant qui ne peut être comparé qu’à lui-même.

Le fond du poëme est le siècle entier du poète, exprimé dans son unité ; ce sont ses événements pénétrés par les idées de la religion, de la science et de la poésie, et conçus dans l’esprit le plus élevé de ce siècle. Notre intention n’est pas de l’envisager dans son rapport avec cette époque, mais plutôt dans son caractère universel, comme premier type de la poésie moderne tout entière.

Jusqu’au moment placé dans un avenir encore in-