Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/530

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Or l’idéal, qui est nécessairement déterminé, doit pourtant être réalisé. Nous nous voyons donc conduits à un nouveau caractère de l’histoire : il n’y a histoire que pour des êtres qui ont devant eux un idéal qui ne peut jamais être développé par l’individu, et ne peut l’être que par l’espèce. C’est pourquoi, dans la série, un individu nait là où disparait un individu passé. Il y a donc continuité entre les individus qui se succèdent ; de plus, ce qui doit être réalisé dans le progrès de l’histoire ne pouvant l’être que par la raison et la liberté, la tradition est nécessaire.

Or, il ressort de cette déduction de la notion de l’histoire, qu’une série d’événements absolument sans loi ne mérite pas plus le nom d’histoire qu’une série absolument réglée par des lois ; il en résulte :

1° Que ce qui est conçu comme progressif dans l’histoire ne laisse supposer aucune soumission à des lois immuables, par laquelle la liberté soit limitée à une succession d’actions déterminées et revenant constamment sur elle même ;

2° Que tout ce qui résulte en général d’un mécanisme déterminé, ou qui a sa théorie à priori, n’est pas l’objet de l’histoire. La théorie et l’histoire sont des choses complètement opposées ; l’homme n’a une histoire que parce qu’on ne peut prévoir d’après aucune théorie ce qu’il fera. Le libre arbitre est, à cet égard, la divinité de l’histoire. La mythologie fait commencer l’histoire par le premier pas que l’homme,