Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/532

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ci : Comment peut-on concevoir l’histoire en général, puisque, si rien n’est posé pour chaque individu que par sa conscience, toute l’histoire passée ne pout être aussi posée, pour chaque individu, que par la conscience ? Et nous soutenons qu’aucune conscience individuelle ne pourrait être posée avec toutes les déterminations avec lesquelles elle est posée réellement, et qui lui appartiennent nécessairement, si l’histoire tout entière n’avait précédé. Il serait facile de le démontrer par des exemples, s’il s’agissait d’une œuvre d’art. L’histoire passée ne conserve donc que le phénomène, ainsi que l’individualité de la conscience elle-même ; elle n’est donc, pour chaque individu, ni plus ni moins réelle, que ne l’est pour chacun sa propre individualité. Telle individualité déterminée ; suppose telle époque, déterminée par tel caractère ; tel degré de civilisation, etc. Mais cette époque n’est pas possible sans toute l’histoire passée. L’histoire, qui n’a aucun autre objet que l’explication de l’état actuel du monde, pourrait donc aussi bien, de l’état actuel, pris pour point de départ, conclure l’histoire passée ; et ce ne serait pas une tentative dépourvue d’intérêt, que de chercher comment tout le passé pourrait être déduit du présent avec une rigoureuse nécessité.

Si l’on objecte à cette explication que l’histoire passée est posée dans l’ensemble des consciences individuelles, mais que chacune d’elles peut embrasser, non le passé tout entier, mais seulement ses princi-