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ART.

et ainsi doit, en définitive, ne servir que comme moyen pour ce qu’il y a de plus élevé : l’art.

Quant à ce qui concerne spécialement le rapport de l’art à la science, ils sont tous deux si opposés l’un à l’autre dans leur tendance, que si la science avait résolu tout son problème, comme l’art a pour toujours résolu le sien, ils devraient se rencontrer et se confondre, ce qui est la preuve de directions complètement opposées. En effet, quoique la science, dans sa fonction la plus élevée, ait avec l’art un seul et même problème, ce problème, cependant, à cause de la méthode qu’elle emploie pour le résoudre, est, pour la science, un problème infini ; de sorte qu’on peut dire que l’art est le type de la science, et que, là où est l’art, la science doit se présenter. On peut expliquer par là pourquoi et jusqu’à quel point il n’y a point de génie dans les sciences ; non qu’il soit impossible qu’un problème scientifique soit résolu avec génie, mais parce qu’un problème de cette nature, dont la solution peut être trouvée par le génie, peut aussi être résolu mécaniquement. Tel est, par exemple, le système de la gravitation, qui pouvait être, d’abord, une découverte de génie ; et c’est ce qu’il fut, en effet, chez son premier inventeur, Keppler ; mais il pouvait bien aussi être une découverte entièrement scientifique, ce qu’il est devenu entre les mains de Newton. Mais le produit de l’art est le seul qui ne puisse être accompli que par le génie, parce que tout problème résolu par l’art concilie une con-