Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/68

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le moyen, l’autre le but. La science n’a donc pas ce caractère d’indépendance absolue que lui donnent les esprits spéculatifs. L’idéal qu’ils proposent est faux et chimérique y dangereux même, puisqu’il détourne l’homme de ses devoirs et lui fait perdre de vue sa vraie destination.

Ainsi s’expriment les partisans d’une morale étroite. Et cette opinion n’atteint pas seulement la science : elle s’étend aux arts et à la littérature, qu’elle ne considère plus aussi que comme des moyens et des instruments par rapport au but moral. Schelling s’en montre vivement préoccupé ; elle reparaîtra sous plusieurs formes dans le cours de ces leçons, et notamment dans la septième. Ici, sans la poursuivre dans ses conséquences, il l’attaque dans son principe ; il maintient le caractère absolu de la science et son indépendance, tout en reconnaissant son harmonie avec la morale. Nous regrettons que les raisons qu’il donne soient empruntées à son système et présentées sous une forme métaphysique qui leur fait perdre, aux yeux du sens commun, leur force et leur clarté. Pour trouver une réponse à cette objection, il n’était pas nécessaire d’invoquer la théorie de l’identité et de l’absolu ; il suffisait de la tirer des notions communes et universellement admises. Cette explication n’eût pas couru le risque d’être rejetée par quiconque n’admet pas le système et n’est pas initié à sa terminologie. Nous l’omettons donc, devant la retrouver plus loin. D’ailleurs, comme s’il en sentait lui-même l’in-