Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/72

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ont présidé à leur berceau, et en déduit les causes qui ont détourné les établissements scientifiques de leur véritable but, y ont fait prévaloir des tendances contraires au principe de leur institution.

Dans l’antiquité, la science encore une se confondait avec la vie sociale ; elle en émanait et y retournait. Dans les temps postérieurs, elle s’en isola de plus en plus ; en outre, elle se dédoubla, devint, à la fois, science du passé et du présent. De là, pour l’esprit moderne, des exigences particulières : la nécessité, surtout, de partir d’une connaissance historique. A la science proprement dite dût s’ajouter la science du passé comme objet nouveau : érudit et savant devinrent synonimes.

Ce culte si naturel de la pensée antique, de ses monuments et de ses chefs-d’œuvre, eut de fatales conséquences. L’admiration fit place à la soumission et au respect aveugle. La pensée y perdit sa spontanéité et son originalité. Au lieu d’étudier la nature et l’homme, ces vrais modèles, on se contenta de raisonner sur des textes, et, plus tard, l’autorité d’Aristote fut invoquée contre les découvertes de Descartes et de Keppler. L’imitation avait remplacé la science.

C’est dans ces circonstances que naquirent la plupart des universités ; ainsi s’explique toute leur organisation scientifique. D’abord, l’érudition devait y dominer ; ensuite, la masse des connaissances à apprendre et a enseigner, jointes à l’absence d’esprit