Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/79

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fins à poursuivre, des intérêts à concilier, des passions à diriger et à ménager, sont des obstacles qui ne seront jamais complètement surmontés. Il n’en est pas de même des associations dont la science est l’unique objet. Il suffit, pour rendre leur organisation parfaite, de faire ce que prescrit l’idée même de l’association scientifique. Rien n’y doit être estimé que la science. Il ne doit y avoir d’autres distinctions, d’autre ascendant, d’autre influence, que ceux du savoir et du talent joints aux qualités morales. Schelling fait, à cette occasion, la censure sévère des abus qui régnaient de son temps dans les universités allemandes. Nous ne doutons pas que sa voix éloquente et grave n’ait contribué à la réforme qui, peu à peu, a modifié et finira par détruire les mœurs et les usages barbares légués à ces établissements par le moyen-âge.

Il est à remarquer qu’à cette époque et plus tard, les philosophes et les écrivains les plus célèbres de l’Allemagne, qui, pour la plupart, ont aussi laissé une trace brillante dans l’enseignement public semblent s’être entendus pour développer dans leurs leçons et leurs écrits cette thèse de la destination des savants et des académies. Avec quelle enthousiasme ils parlent tous de cette haute et noble mission ! lis sentaient que là était l’avenir de leur pays, que de ce foyer naîtrait un jour la liberté politique. D’autres, tels que Schelling, dont l’esprit sympathisait peu d’ailleurs avec les idées de la démocratie moderne, y voyaient au moins l’application immédiate,