Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/84

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et lui est étroitement lié, une forme parfaite et finie qui marque son entier développement et sa plus haute clarté, sans laquelle la pensée reste vague et confuse, ne se possède ni se maîtrise. Y atteindre c’est atteindre à l’idée même. Rester en deçà, c’est savoir et comprendre à demi. Il ne faut donc pas regretter le temps et la peine consumés dans cet exercice. Outre que le vrai savoir est à ce prix, c’est dans cette lutte que l’esprit, moins passif, développe son énergie. C’est ainsi qu’on devient fort ; c’est le secret du succès. Mais, d’autre part, l’exercice qui ne porte que sur la forme et néglige le fond est un stérile labeur. Il engendre la fausse rhétorique dans les lettres, la scholastique dans les sciences et la philosophie. Tous deux réunis, combinés, identifiés, forment la base d’une solide et complète instruction. De là, avec un inépuisable trésor d’érudition et de pensées, la clarté, la précision, la méthode, la supériorité d’un esprit à la fois nourri et fécondé, alerte et réglé.

Apprendre et s’exercer, tels sont sans doute les premières conditions de la culture intellectuelle ; ce n’est pas le but. Le but est de produire. Cette divine faculté de produire et de créer, qui distingue l’homme et l’assimile à Dieu, elle n’est pas seulement la prérogative de l’artiste et du poète ; elle appartient aussi au savant, et tout savant digne de ce nom ne doit pas seulement posséder la science, mais s’efforcer de s’en tracer à son tour une image plus parfaite, qui réponde mieux à l’idéal tel qu’il le conçoit. Autrement,