Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans leur pureté, dégagées de toute forme, et l’absolu leur principe. Cette science, dont le modèle et la source immédiate est la science divine elle-même, c’est la philosophie.

Entre elle et les mathématiques il y a cette ressemblance que toutes deux se fondent sur l’identité du général et du particulier, et qu’elles s’adressent également à l’organe intellectuel qui saisit cette identité, à l’intuition intellectuelle. Mais l’intuition mathématique ne la saisit que dans son reflet, à l’aide de formes et de figures qui s’adressent encore aux sens et à l’imagination. L’intuition philosophique est une intuition immédiate de la raison. La philosophie est donc la science des idées, des types éternels des choses, définition, comme on le voit, toute platonicienne.

Quant à l’esprit philosophique, il consiste précisément dans cette faculté d’intuition, qui en tout sait voir le général dans le particulier, le particulier dans le général, et percevoir leur identité, dans l’habitude invariable d’envisager toute chose de ce point de vue.

La cinquième leçon contient la réfutation de quelques unes des objections que l’on fait ordinairement contre l’étude de la philosophie.

Première objection : La philosophie est dangereuse à la religion et à l’État. — De quelle religion, de quel État parle-t-on, et, enfin, de quelle philosophie ? Si par philosophie l’on entend un rationalisme étroit qui méconnaît les vérités éternelles renfermées dans