Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/11

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l’Europe lettrée eut à peu près les mêmes destinées philosophiques ; il n’y eut ni une philosophie française, ni une philosophie allemande, ni une philosophie britannique mais bien une philosophie européenne. Tous les philosophes se lisaient, se comprenaient réciproquement, tout en se combattant ; les termes dont ils se servaient avaient pour tous à peu près la même valeur, et la science, partout où elle était cultivée, marchait d’un pas égal. Si cette universalité du langage philosophique et cette communauté d’efforts ne firent pas faire à la philosophie de plus rapides progrès, les causes en furent ailleurs. Paris était le siège principal de la philosophie scolastique ; mais cette philosophie n’en était pas plus française pour cela, puisque les docteurs qui l’enseignaient dans cette illustre université appartenaient, presque dans une proportion égale, à toutes les principales nations de l’Europe.

Toutes ces nations, vues d’un peu loin, ne formaient, sous plusieurs rapports, qu’un seul et même peuple, divisé en un grand nombre de royaumes et de cités. Les différences politiques qui les séparaient ne détruisaient pas plus l’unité scientifique que l’unité religieuse. Nous voyons