Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/60

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la nature ; car cette transformation n’est plus un mouvement dialectique, mais un tout autre, auquel il serait difficile d’imposer un nom pour lequel il n’y a pas de catégorie dans un système rationnel pur, et pour lequel l’inventeur lui-même n’en a point dans son propre système. Cette tentative de rétrograder avec les notions d’une philosophie réelle déjà fort avancée, et, à laquelle on avait travaillé depuis Descartes, vers le dogmatisme scolastique, et de fonder la métaphysique sur un principe purement rationnel, exclusif de toute réalité, tentative vaine par cela seul que l’élément empirique ou la réalité, repoussé d’abord, est réintroduit dans le système comme par une porte de derrière ; cet épisode de l’histoire de la philosophie moderne, s’il n’a pas servi à son progrès, a du moins eu cet avantage de montrer par un exemple nouveau qu’il est impossible, avec le rationnel pur, d’arriver jusqu’à la réalité.

Ainsi donc, pour revenir à auteur, on peut fort bien commencer un système de philosophie par un principe a priori, par un principe purement rationnel, en le faisant seulement précéder de quelques considérations préliminaires. Là n’est point la difficulté. Mais de même que toutes ces formes qu’on appelle a priori n’expriment que le côté négatif de toute connaissance, ce sans quoi nulle connaissance n’est possible, et non le côté positif, ce par quoi elle naît, et que par conséquent