Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/71

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Si maintenant nous considérons en général cet essai de passer de la psychologie à l’ontologie, nous devons dire que M. Cousin se distingue des sensualistes de l’école française, en ce qu’il ne place pas la source des idées ontologiques dans la sensibilité ; qu’il la place au contraire dans la raison, faculté distincte à la fois de la sensibilité et de la personnalité. Mais la raison est pour lui tout aussi bien que la sensibilité, un simple fait fondé sur l’expérience, un fait admis, accepté, inexpliqué comme elle ; quelque chose qu’il n’admet que pour se dispenser de remonter plus haut, qui ne repose sur rien, et qui, par l’emploi de certaines locutions où l’on reconnaît un peu l’influence de la phraséologie de Jacobi, n’en devient que plus mystérieux. Il dit, par exemple, à plusieurs reprises la raison nous révèle, et dans cette expression on aperçoit l’intention de donner une signification positive à ce qui, en soi, n’a qu’une valeur négative ; et cette négativité, l’auteur lui-même semble la reconnaître en disant entre autres que la raison nous empêche, nous force, etc.[1] Mais cette impulsion rationnelle que

  1. Page XXII de la Préface. Il nous semble que M.de Schelling donne ici aux paroles de M.Cousin un sens qu’elles n’ont pas. Ce dernier dit : « Cette même raison qui nous donne les causes finies et bornées, nous empêche de nous y arrêter comme à des causes qui se suffisent, et nous force de les rapporter à une cause suprême. » Or, empêcher de s’arrêter,