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LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Nous lie sommes pas au bout des conceptions religieuses de Napoléon. Le grand homme qui a donné un caléchisme à la France, l’a aussi dotée d’une fête et même d’un saint. La fête est celle de la Saint-Napoléon, au 15 août, destinée à remplacer celle de l’Assomption, et qui devait être célébrée par des actions de grâces pour la prospérité de l’empire. Cette idée fut accueillie avec chaleur par l’épiscopat. « De tous les diocèses de France arrivèrent au ministre des cultes les prières les plus instantes, afin d’être autorisés à dédier des chapelles au bienheureux qui avait eu la bonne fortune de donner son nom au chef de l’État. A Nancy, M. d’Osmond, qui était un grand seigneur de l’ancien régime, autrefois émigré en Angleterre avec les princes de Bourbon, se hâta d’inviter tous les hommes et tous les jeunes gens de toutes les paroisses de son diocèse, à former le plus tôt possible de pieuses associations sous le nom de ce grand saint. « A l’audition du nom magique de a Napoléon, dit le pieux biographe de M. d’Osmond, « les idées s’élevaient, les cœurs s’échauffaient, les « masses se mettaient en mouvement, et s’agitaient « pour la gloire et pour le salut de la patrie. » Il n’y avait qu’une difficulté, c’est que personne n’avait jamais entendu parler du saint en l’honneur duquel la piété épiscopale se mettait ainsi en frais. En vain cherchait-on dans les bibliothèques, feuilletait-on les livres : on ne parvenait pas à trouver le nom du bienheureux. Les évêques en référaient à M. Portails, M. Portalis s’adressait au légat, le légat en écrivait au Saint-Siège : on vit