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LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

prouve pas, je la détesta. Mais, cela dit, je me hâte d’ajouter que M. Veuillot est le seul qui n’ait ici aucun droit, ni celui de réclamer contre le pouvoir qui le frappe, ni celui d’attendre la sympathie du public qui le voit frapper. Car, il ne s’en cache nullement : ce n’est pas le système qui lui déplaît, c’est l’application qui lui en a été faite. Il est pour les rigueurs, pour l’avertissement, pour la suppression, et il ne demande qu’une chose : d’en être exempté, lui. Qu’on sévisse contre les autres, à la bonne heure ; c’est le droit, c’est le devoir ; seulement, au nom du ciel, que l’Église soit respectée en sa personne I II y a eu des journaux supprimés en décembre 1851 ; croyez-vous que M. Veuillot ait réclamé en leur faveur ? non, il a battu des mains ; il a, selon sou habitude, insulté à la victime :

Depuis le deux décembre adieu l’Événement !
La patrouille a fermé cette fraîche boutique.

Le moyen de sentir une bien vive compassion pour l’écrivain qui se permet de ces gaietés-là ! D’autant plus, je le répète, qu’il n’a point changé de manière de voir. 11 continue à ne vouloir de liberté que pour la vérité, c’est-à-dire pour ses propres opinions. Quiconque ne pense pas comme lui est dans l’erreur, et l’erreur n’a pas le droit d’être. Il est vrai qu’il cherche, par moments, à donner le change en se moquant des libéraux de l’école du Siècle. Gomme si la théorie du Siècle différait de celle de l’Univers ! Il traite ces messieurs de sous-inquisiteurs el de sous-chambellans, et il oublie que, chambellan, il