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Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/12

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de l’intérieur du canton de Vaud. Un frère aîné d’Alexandre mourut en bas âge. Alexandre reçut de son père une première instruction, et fut élevé avec une sévérité antique. Soit que son développement eût été tardif, soit que la sévérité paternelle fut exigeante, l’enfant passait alors pour avoir peu de capacité. Destiné au ministère évangélique, ses études furent bientôt dirigées vers la théologie ; on ne dit point si à ce choix présidait déjà une vocation religieuse quelconque. Ce qui est certain, c’est que Vinet ne tarda pas à se distinguer entre ses camarades par un talent poétique qui n’est d’ailleurs point rare parmi la jeunesse vaudoise ; ses premiers essais littéraires furent des vers : épîtres, chansons surtout, épopée même. On parle d’une Guétiade dans laquelle il avait célébré quelque rencontre d’étudiants avec la police.

Les études théologiques n’étaient pas fort sérieuses à Lausanne à cette époque, et bien que Vinet eût contribué à fonder une société d’étudiants dont les membres s’exerçaient à traduire les livres sacrés d’après l’original, il ne paraît pas qu’il ait cherché à suppléer aux lacunes de l’enseignement officiel. Son goût le portait avec entraînement vers la littérature, et il s’abandonnait à ce goût, non sans une aptitude déjà remarquée. Nous avons entendu raconter une anecdote qui prouve jusqu’à quel point allait son impressionnabilité poétique. Il se trouvait à la campagne dans la famille de M. Jaquet, depuis son ami, alors son élève. Un soir, lisant à haute voix, au milieu de ses hôtes, une tragédie de Corneille, cette lecture l’é-