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Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/169

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païenne. Le second est réveillé, créé en quelque sorte par l’Évangile, et il trouve un élément favorable dans le sentiment d’indépendance personnelle des peuples de l’invasion. Mais le principe socialiste n’est point vaincu pour cela, il prend une forme nouvelle et se déploie sous le pavillon même du christianisme. Le catholicisme est son triomphe, et la réformation elle-même lui rouvre une porte de derrière sous le nom de nationalisme religieux ou d’Église d’état.

La démonstration de la dualité essentielle qui existe entre l’homme et la société n’amenait la définition du socialisme que comme négation de cette dualité ; elle impliquait bien la vérité de l’individualisme, mais elle ne pouvait suffire au procès que Vinet intentait au socialisme. C’est ici qu’il entame ce procès. Définissant l’individualité et la personnalité, reconnaissant leurs mystérieux rapports avec le fait de la race, avec celui de la solidarité entre l’homme et l’humanité, il se refuse à voir dans ces faits un motif de sacrifier l’individu à la société ; il croit, au contraire, que celui-là prime celle-ci, et que la liberté, l’unité sociale elle-même, bien plus, l’unité humaine, n’ont pas moins que la religion l’individualité pour base et pour condition.

Aujourd’hui ce palladium de l’humanité, de la vérité, de la vie, l’individualité, est menacée d’une attaque redoutable. La tendance hostile a été érigée en système, elle a revêtu un nom. Le socialisme moderne est infiniment plus terrible que le socialisme antique,