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Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/20

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on y reconnaît avec intérêt l’idée-mère de ses Discours de 1831, je veux dire précisément l’union profonde de la morale et du dogme, de la vie et de la croyance, la conduite réclamant un mobile, ce mobile ne pouvant être qu’une affection, cette affection attendant une manifestation qui l’éveille, un fait qui l’inspire, ce fait enfin, ce fait divin réalisé dans la rédemption qui n’est un dogme qu’autant qu’elle est un fait. Vinet, en 1823, a déjà reçu la vive intuition de la psychologie évangélique et de la dynamique spirituelle du christianisme tel que l’entendait saint Paul.

Les convictions religieuses de Vinet sont avec ses vues sur l’Église dans un rapport que nous avons déjà signalé. Elle se sont développées les unes et les autres d’une manière constamment parallèle. La lettre que nous venons d’analyser, une poésie écrite quelques mois plus tard[1] semblent trahir l’époque à laquelle l’auteur accepta des croyances qui depuis lors gouvernèrent sa vie ; mais ces croyances renfermaient des principes généraux, c’étaient des lignes dont le prolongement devait aboutir à la sphère des applications ecclésiastiques et même sociales. Ce prolongement ne tarda pas à se faire. L’année 1824 est tristement célèbre dans l’histoire du canton de Vaud. C’est alors que l’intolérance y fut officiellement consacrée par la loi du 20 mai. Vinet se trouva ainsi placé tout d’abord en face de la question de la liberté religieuse, et s’il n’arriva point du premier élan jusqu’à la solution qu’il

  1. Voy. Revue suisse, 1847, p. 651.