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tée que Vinet reconnut à la critique de M. de Félice, l’objection en présence de laquelle il éprouva le besoin de s’expliquer.

M. L. Burnier avait déjà répondu à M. de Félice dans le Nouvelliste Vaudois, et M. de Félice avait répliqué[1], lorsque Vinet intervint dans le débat par une Lettre à un ami, datée de Bâle, juillet 1827[2].

Vinet entrevit la solution avec la même justesse de coup d’œil qui lui avait fait reconnaître la portée de l’objection. Il rappela qu’à côté des chrétiens, c’est-à-dire de ceux auxquels on peut prêcher la tolérance au nom de l’Évangile, il y a une masse qui n’est point chrétienne, qui, par conséquent, n’est point accessible à ce genre d’arguments, et à laquelle il faut prêcher, non la charité, mais le droit. À ce point de vue, la question de la liberté des cultes est une question de droit public et de politique. Quant à la légitimité du droit, elle s’appuie sur la force même et la nature des choses, c’est-à-dire sur un ordre de considérations éminemment accessibles à la généralité des hommes. C’est là le terrain commun où se rencontrent l’incrédule et le croyant, le terrain de la société et de ses conditions. Tous doivent, tous peuvent comprendre « que la con-

  1. L’article de M. Burnier, signé P., parut dans le numéro du 16 février ; la réplique de M. de Félice dans celui du 27.
  2. Lettre à un ami, ou Examen des principes soutenus dans le Mémoire fin faveur de la liberté des cultes, par Alex. Vinet. Lausanne 1827 ; in-8o ; 51 pages. L’ami auquel la lettre est adressée est M. Burnier. Les manuscrits de Vinet renferment une autre réponse à M. de Félice, ou plutôt la même réponse moins développée, une première rédaction du travail imprimé.