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la civilisation s’établit, que la justice règne, que la vérité fleurit. »

La Gazette répondit dans son numéro du 27 mars. L’écrivain prétendait résumer la brochure qu’il voulait réfuter, mais il n’en présentait que des propositions perfidement isolées ou perfidement rapprochées. Il terminait en invoquant contre son adversaire l’intervention de l’autorité, c’est-à-dire de la force. « C’est aux dépositaires des intérêts publics à examiner s’ils doivent tolérer ou réprimer une telle doctrine, la consacrer par leur silence ou l’étouffer avant qu’elle ait débordé nos institutions et nos mœurs. » Vinet répliqua à son tour par de Nouvelles observations, datées de Bâle, 1er avril 1829, et portant son nom[1]. Son adversaire avait eu l’imprudence de reproduire sans commentaire et comme suffisamment significative en elle-même l’assertion que tout citoyen doit braver une loi qui l’oblige de faire ce que condamnent sa conscience et la loi de Dieu. Vinet tira parti de cette « inconcevable inadvertance. » Toutefois le mot de conscience, souligné par la Gazette, semblait ouvrir la porte à toutes les fantaisies du sens individuel. Vinet n’eut garde de reculer devant cet argument favori de l’omnipotence sociale : « Ah ! Monsieur, donnez-moi seulement des hommes qui aient de la conscience, et je vous ferai un peuple où il y aura de l’unité et de la subordination. Je vous le demande : D’où viennent les

  1. Nouvelles observations sur un nouvel article de la Gazette de Lausanne, du 27 mars 1829, sur les sectaires ; par A. Vinet. Lausanne 1829 ; 30 pages in-8o.