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Page:Scherer - Diderot, 1880.djvu/249

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dont Diderot est l’auteur, comme l’un des morceaux les plus éloquents de notre langue. Je n’y contredis pas absolument ; toutefois je fais remarquer que ce passage est fort isolé dans l’œuvre de l’écrivain, et qu’il est visiblement rédigé, tandis que Diderot improvise presque toujours.

C’est là le mot. Diderot est moins un artiste qu’un improvisateur. Il a tous les dons qui font improvisation : la facilité, l’abondance, la chaleur ; une fois la plume à la main, les idées et les termes lui arrivent en foule ; tout son être s’émeut et l’émotion le rend éloquent. En revanche, il ne compose pas. Il ne s’inquiète ni des transitions ni des gradations. Il n’est point possédé du besoin de la perfection. Aussi intéresse-t-il plus qu’il ne charme. Ses livres sont de ceux qu’on lit, de ceux auxquels on revient, mais non de ceux qu’on sa-