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Page:Scherer - Mélanges d’histoire religieuse, 1865.djvu/340

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HEGEL ET L’HEGÉLIANISME.

il ne peut rien y avoir hors de la substance universelle, cette substance prenait le nom de Dieu. Voilà le Dieu dont on a dit que Spinoza était enivré.

Hegel procède de Spinoza. Lui aussi ne voit de réel que ce qui est général ; à lui aussi, le monde apparaît comme la forme et la manifestation d’un principe qui en est l’essence. Seulement, tandis que la substance infinie de Spinoza n’est que substance, Hegel la conçoit comme esprit. L’absolu, d’après lui, est de nature spirituelle.

Il est une manière vive, bien qu’un peu grossière, dont on pourrait se représenter cette conception. Je pense, et, dans le progrès de ma pensée, j’arrive à des opérations toujours plus élevées, à une conscience plus parfaite de moi-même, à une intelligence plus intime du monde. Il s’agit maintenant de sortir de ma pensée, et de la considérer, non plus comme ma pensée, mais comme une pensée générale ; il s’agit de prendre toutes les intelligences humaines avec la mienne, de les dépouiller toutes également de cette forme de l’individualité qui nous paraît essentielle, mais qui ne l’est point, qui n’est qu’une forme, et de faire de toutes ces intelligences une seule intelligence, et de cette intelligence le principe de l’univers. Ce principe, qui trouve dans l’homme sa plus haute expression, est le même qui produit les êtres inférieurs et jusqu’aux corps inorganiques. La vie