Page:Schiller - Le Nécromancien ou le Prince à Venise, tome premier.djvu/206

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loisir son mérite réel avec l’image embellie que lui présentait un miroir flatteur ; mais son existence était un état habituel d’ivresse et de vertige. Plus la place où on l’avait élevé était distinguée, plus il croyait avoir besoin d’efforts continuels pour s’y soutenir : cette tension d’esprit le consumait sans cesse ; même le sommeil n’était plus pour lui du repos, tant ses côtés faibles avaient été habilement saisis, et les effets de la passion qu’on avait allumée dans son sein supérieurement calculés.

Les honnêtes gentilshommes de la suite du prince ne tardèrent pas à s’apercevoir, dans leurs relations avec lui, du vol qu’avait pris leur maître. Les maximes sérieuses, les sen-