Page:Schiller - Le Nécromancien ou le Prince à Venise, tome premier.djvu/208

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poison de la flatterie. Ces attentions obligeantes, ces égards délicats dans le commerce, qui jusqu’alors avaient fait oublier à ses gentilshommes qu’il était leur maître, firent place très-souvent à des manières brusques et à un ton despotique et tranchant. Quelquefois il se plaisait à leur faire sentir sa supériorité, et ils en étaient d’autant plus humiliés, que ce n’était point sur la différence des rangs qu’elle portait (on s’en console plus aisément), mais sur celle des talens et du mérite personnel. Livré chez lui à une foule de réflexions pénibles qu’il parvenait à écarter dans le monde où il les trouvait déplacées, ses gens ne le voyaient jamais que sombre et grondeur ; toute sa gaîté était ré-