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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

public, accompli suivant les prescriptions du livre Pratimoksha, est donc celui d’une confession solennelle (Poshadha) devant l’assemblée des prêtres. Le renouvellement des vœux sacerdotaux était en réalité le sens primitif de la confession ; le dogme qui lui attribue l’entière absolution des péchés (de la racine tsava nas) fut établi par les écoles mahāyāna[1]. Jusqu’à ce jour c’est aussi le caractère de la confession chez les bouddhistes tibétains, qui lui attribuent une très grande influence pour obtenir une métempsycose heureuse et pour atteindre Nirvānā.

La confession (tib. Sobyong) comporte toujours le sincère repentir des péchés et la promesse de n’en plus commettre. Il est indispensable de solliciter aussi l’aide des dieux ; mais il y a différentes pratiques qui peuvent accompagner l’aveu et les prières aux divinités pour effacer les péchés : on peut citer comme la plus facile l’usage de l’eau consacrée par les Lamas dans la divine cérémonie Touisol « prières pour l’ablution » ; l’abstinence et le récit de prières fatigantes peuvent y être jointes ; cette confession porte le nom de Nyoungne, « continuer l’abstinence[2]. Ces manières pénibles de se purifier de ses péchés ne sont pas en grande faveur, et la moindre invocation aux dieux passe pour aussi efficace. Les dieux qui ont le pouvoir de remettre les péchés, sont pour la plupart des Bouddhas imaginaires qui auraient précédé Sākyamouni ; d’autres sont de saints esprits aussi puissants que les Bouddhas, tels que les Héroukas, les Samvaras, etc. Parmi toutes ces divinités trente-cinq Bouddhas sont plus particulièrement puissants pour absoudre les péchés ; c’est à eux que s’adressent le plus souvent les prières des pénitents. Ils sont appelés Toungshakchi sangye songa[3], « les trente-cinq Bouddhas de Confession ». Déjà dans les deux célèbres recueils mahāyāna, le Ratnakouta et le Mahāsamoya, on recommande vivement l’adoration de ces Bouddhas[4] ; et leurs images splendidement peintes ornent l’intérieur de beaucoup de monastères,

  1. Voyez Burnouf, Introduction, p. 209. Csoma, Analyses, As. Res., vol. XX, p. 58. Wassiljew, Der Buddhismus, pages 92, 100, 291. Pratimoska est un manuel qui contient les lois du clergé bouddhiste ; une traduction en a paru dans le Ceylon Friend, 1839 ; on en trouvera une analyse dans Csoma, l. c., qu’il faut comparer avec l’Introduction de Burnouf, p. 300. Hardy donne beaucoup d’extraits de ces préceptes.
  2. Khrous, être entièrement lavé ; g̣sol, prière, supplication ; ṣuung, se restreindre (en nourriture) ; g̣nas, continuer. Pour les détails, voyez chap. xv.
  3. Ltung ḅshagṣ, Confession des péchés. kyi (chi) au génitif ; so-laga, trente-cinq.
  4. Wassiljew, Der Buddhismus, p. 170-186.