Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

grâce à cette eau salutaire, survivait à toutes ses blessures. Cette eau toute-puissante dégouttant de ses blessures, tomba sur la terre et, là où elle toucha le sol, fit éclore les plantes médicinales. Les Bouddhas infligèrent à Rāhou une punition sévère ; ils en firent un monstre horrible, une queue de dragon remplaça ses jambes, sa tête brisée en forma neuf autres, ses blessures principales devinrent une gorge énorme, les plus petites furent changées en autant d’yeux.

Rāhou s’était toujours distingué par sa scélératesse, les dieux eux-mêmes dans leur jeunesse avaient eu à souffrir de ses méchancetés ; il devint après sa transformation plus redoutable que jamais. Il tourna surtout sa rage contre le soleil et la lune qui l’avaient trahi ; constamment il essaye de les dévorer, particulièrement la lune qui s’est montrée plus hostile à son égard. En s’efforçant de les dévorer, il les cache aux yeux, ce qui cause les éclipses ; mais il ne peut réussir à les détruire, grâce à la vigilance incessante de Vadjrāpani[1].

PRIÈRES

Les prières sont, dans le sens usuel du mot, des appels à la divinité pour implorer son secours, ou des remerciements et des louanges pour les grâces[2] obtenues. Le bouddhisme primitif ne les connaît que sous forme d’hymnes pour honorer et glorifier les Bouddhas et Bodhisattvas d’avoir enseigné aux hommes, par leur parole et leur exemple, le vrai chemin qui mène à Nirvāna. Dans le bouddhisme mahâyâna l’homme n’est pas dirigé seulement par des enseignements, il peut espérer l’aide et l’assistance divine ; car les Bodhisattvas, au lieu d’imiter le calme des Bouddhas, errent continuellement dans les mondes pour assurer aux hommes, par leur puissante assistance, l’obtention de l’éternelle félicité. Ici nous trouvons des prières qui, dans leur première

  1. Cette légende tire son origine des récits hindous, d’où elle est tirée presque sans altération. Selon ceux-ci, l’eau de la vie (amato), fut récoltée en barattant l’Océan et distribuée entre tous les dieux. Rāhou, monstre avec une queue de dragon, se déguisa en dieu et en reçut une portion ; sa faute fut dénoncée par le soleil et la lune, et Vishnou lui trancha la tête ; mais le liquide nectarien lui assurait l’immortalité. Voyez Fr. Wilford, On Egypt and the Nile. As. Res., vol. III, p. 351, 419 ; Essay on the Sacred Isles In the West. As. Res., vol. XI, p. 141.
  2. Schott, Ueber den Buddhaismus in Hoch Asien, p. 58. Wassiljew, l. c., p. 136, 139, 166. Csoma, Analysis, As. Res., vol. XX. p. 308. Voyez aussi l’adresse aux Bouddhas de Confession dans le chapitre suivant. — Sur les Geyas, ou ouvrages en vers à la gloire des Bouddhas et Bodhisattvas, voyez Burnouf, Introduction, p. 52.